Être féministe, cela va de soi pour moi. Pourquoi? Parce qu’il reste beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre l’égalité homme-femme dans notre société. Parce qu’il y a des femmes qui sont moins bien payées que les hommes à compétence égale. Parce qu’il y a encore le plafond de verre à briser. Parce qu’il y a des mentalités à faire évoluer. Parce qu’un grand nombre de femmes dans le monde sont à des années-lumières de vivre leur vie librement et en sécurité.
Jamais une femme ne devrait se sentir inférieure à un homme. Jamais une femme ne devrait se battre pour faire reconnaître ses compétences. Jamais une femme ne devrait être gênée de son succès. Jamais une femme ne devrait s’habiller en fonction du regard que pourraient porter les hommes sur elle. Jamais une femme ne devrait avoir peur…
Être une femme, c’est pourtant se sentir vulnérable dans certaines situations. Il suffit qu’un inconnu marche trop près de nous pour éprouver cette bouffée de stress qui nous pousse à accélérer le pas. Voyager est aussi bien différent pour une femme, car nous devons souvent faire preuve de prudence, porter une attention particulière à la façon dont nous sommes vêtues ou encore éviter certains endroits qui pourraient être dangereux pour nous. Il est triste qu’on ait développé ce réflexe d’être sur nos gardes constamment, mais avons-nous le choix?
Ce qui m’attriste profondément, ce sont les femmes qui croient fermement que le féminisme n’a pas lieu d’être. Ou pire encore, qui adhèrent à la croyance qu’elles sont inférieures aux hommes, qu’elles n’ont pas leur capacité, leur force, et qu’un homme est mieux placé qu’elles pour diriger une entreprise ou gouverner un pays. L’élection de Donald Trump aux États-Unis m’a particulièrement bouleversée. J’ai bien sûr pensé aux millions de femmes ayant pris la décision de voter pour lui, malgré ses propos horribles à l’égard des femmes et les gestes déplacés qu’il a posés. Et j’avoue ne pas comprendre…
D’un autre côté, il y a tellement de femmes incroyables qui ont eu le courage de briser le plafond de verre, de soulever des débats sur la condition féminine, de contribuer à changer les lois, à mettre en place des politiques permettant aux femmes d’avoir plus de choix dans la vie. Il n’y a qu’à penser à la mise en place des CPE qui ont permis à un grand nombre de femmes au Québec de retourner sur le marché du travail.
Tout cela m’amène à vous parler de deux ouvrages qui méritent d’être lus par le plus grand nombre. Ils soulèvent des questions importantes et démontrent toute la pertinence d’être féministe encore aujourd’hui.
Abécédaire du féminisme

Source : Éditions SOMME TOUTE
Ce livre est né d’un segment radiophonique de l’émission de radio Plus on est de fous, plus on lit!, animée par Marie-Louise Arsenault, qui avait pour nom L’abécédaire du féminisme. Pendant ce segment, des femmes de différents horizons sont venus aborder différentes thématiques et concepts liés au féminisme : « le sort des femmes autochtones du Canada, les diktats de la mode et l’énorme pression imposée par l’implacable industrie de la beauté, la sexualité et la maternité à l’époque de la performance, les tensions reliées à la conciliation travail-famille », etc.
Sous la jolie plume de Noémie Désilets-Courteau et avec les magnifiques illustrations de Sarah Marcotte-Boislard, ce livre reprend cette abécédaire du féminisme. Cette lecture, qui m’a plu du début à la fin, m’a permis de réfléchir sur une variété de sujets liés au féminisme, selon différents points de vue. J’ai réalisé qu’il y avait beaucoup de choses qui m’étaient inconnues sur cette question. Une lecture hyper intéressante et surtout pertinente.
Les superbes

Source : VLB éditeur
SUPERBE, n.f : Assurance qui se manifeste par l’air, le maintien, la prestance. Qui est plein de magnificence et donne une impression de grandeur. Contraire d’« humilité ».
Pourquoi le succès féminin devrait-il être vécu différemment du succès masculin? Marie Hélène Poitras et Léa Clermont-Dion se sont penchées sur la question dans leur livre Les superbes.
« Nous vivons dans une société où la réussite des femmes, malgré l’égalité des droits qui nous paraît acquise, fait problème. Cela ne devrait pourtant pas être le cas, mais un indicible malaise, devant les femmes qui sont récompensées pour ce qu’elles sont et font, persiste. » Léa Clermont-Dion
Les deux auteures ont d’ailleurs vécu chacune de leur côté des expériences traumatisantes à la suite de leur succès, notamment la réception de propos haineux de la part de certains hommes se croyant tout permis. Le livre présente un échange entre les deux auteures, dont les réflexions sont justes et des plus pertinentes, ainsi que des portraits et des entrevues de « superbes » qui, malgré leur réussite, ont constaté toutes les difficultés liées au simple fait d’être femme.
Les « superbes » présentées dans ce livre sont Ericka Alneus, Louise Arbour, Chris Bergeron, Hélène Charron, Coeur de pirate, Martine Delvaux, Pauline Gagnon, Mitsou Gélinas, Anna Goodson, Elise Gravel, Stéphanie Harvey, Fabienne Larouche, Widia Larivière, Sonia LeBel, Perrine Leblanc, Marie-Christine Lemieux-Couture, Joanne Liu, Marie-Mai, Pauline Marois, Noémi Mercier, Francine Pelletier et Mariloup Wolfe.
Inspirons-nous de ces femmes, de ces superbes. Soyons nombreuses à prendre notre place. Elle nous revient autant qu’aux hommes. Et souhaitons que les mentalités évoluent pour qu’enfin, l’égalité homme-femme existe bel et bien un jour.
Autres suggestions de lecture
- Second début de Francine Pelletier, un essai produit par l’équipe du magazine Nouveau projet
- We should all be feminists de Chimamanda Ngozi Adichie
- Lean In de Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook
- Des femmes d’honneur, autobiographie de Lise Payette
- Je suis féministe, un blogue québécois de jeunes féministes
- Because I was a Girl, I was told…, un article du journal The New York Times où plusieurs femmes racontent les obstacles qu’elles ont dû franchir dans leur vie
1 commentaire
8 femmes admirables | Entre deux cafés
8 mars 2017 at 6 h 38 min[…] Elle est l’auteure de La revanche des moches, un ouvrage où elle s’attaque au culte des apparences, ainsi que co-auteure du livre Les superbes, dans lequel Marie Hélène Poitras et elle se questionnent sur le succès au féminin (j’en ai parlé ici). […]